

PARTIE 1
Le commandant ripoux, ami du patron du casino avait fini par être interpellé: pour lui, direction Les Baumettes, et pour un bon moment. Il ne serait pas près de ressortir de si tôt.
GRASSE/ GENDARMERIE/ CASERNE/ APPARTEMENT D'ISABELLE.
On frappa à la porte.
ISABELLE: -Entrez, c'est ouvert.
PHILIPPE: -C'est moi. Ca va ?
ISABELLE: -Oui, merci... dit-elle en omettant de préciser la proposition de Vannier.
PHILIPPE: -Ca a pas l'air. Tu as mangé ?
ISABELLE: -Oui, t'inquiètes pas.
PHILIPPE: -Si, Isabelle je m'inquiète. On te voie de moins en moins au bureau, qu'est ce qui ne va pas ? l'interrogea-t-il.
ISABELLE (fatiguée): -Rien, je t'assure.
PHILIPPE (lui prend la main): -Isa... Tu sais que tu peux me parler.
ISABELLE: -Toi aussi tu peux me parler.
PHILIPPE: -Moi ça va, pourquoi tu me dis ça ?
ISABELLE: -Je ne sais rien de ta vie Philippe. Pourquoi tu ne parles plus à ta famille ?
PHILIPPE: -Y a rien a dire, c'est tout.
ISABELLE: -Ca serait si embêtant d'en parler Philippe ?
PHILIPPE: -Disons qu'il vaut mieux laisser les mauvais souvenirs dans une boîte plutôt que de les ressasser.
ISABELLE: -Qu'est ce qu'il s'est passé ? Parle moi.
PHILIPPE: - ...
ISABELLE (insistante): -Dis-moi, tu peux pas garder un secret comme ça...
PHILIPPE: -C'était... c'était quand j'avais une quinzaine d'années, je me suis laissé embarqué par un groupe de mecs un peu plus vieux que moi, ils faisaient des braquages, pillaient les personnes âgées... et moi je suivais. Je devais conduire la moto. Mon père est... était docker à Brest, il avait honte de moi, il était déjà venu plusieurs fois me chercher à la gendarmerie. Lui était un homme respecté sur le port, dans la ville. Et son fils un con qui s'amuse à braquer des stations services. Un jour les autres m'ont demandé de les renseigner sur les chargements des cargos qu arrivaient au port. Le lendemain il y avait un fret de billets de banques, des vrais, qui devait amarrer, ces cons avaient chargés leurs armes au cas où ça se passerait moins bien que d'habitude. Ils menaçaient la femme d'un des collègues de mon père, lui, croyant que les gars allaient la tuer, s'est interposé, c'est là que l'autre a tiré. J'ai vu mon père tomber, le sang qui coulait.... Je suis rentré aussitôt chez moi, l'air de rien, ma mère n'était pas au courant qu'il était mort, des gendarmes sont venus nous annoncer la nouvelle. Les autres ne m'ont pas balancé Jamais. Trois ans plus tard...
ISABELLE (le coupant): -Trois ans plus tard tu t'engageais dans la gendarmerie, c'était ta façon de rendre hommage à ton père.
PHILIPPE: -Oui. Ne me juge pas Isabelle, s'il te plaît pas toi.
ISABELLE (compréhensive): -Tu ne m'en avais jamais parlé car tu avais peur que je te juge ? Philippe, je ne suis pas comme ça, ça fait presque vingt ans qu'on se connait
Isabelle ne pouvait pas le mettre à la porte de chez elle mais elle lui en voulait un peu ne pas lui avoir révélé ce secret plus tôt. N'avait-il pas confiance en elle ? Elle avait tout de même de la peine pour lui, cela avait dû être difficile de vivre avec un tel secret. Isabelle le laissa s'endormir contre son épaule alors que la radio diffusait "Chanson sur ma drôle de vie" de Véronique Sanson... Isabelle se laissa emporter par les paroles et chantait.
"Tu m'as dit que j'étais faite
Pour une drôle de vie
J'ai des idées dans la tête
Et je fais ce que j'ai envie
Je t'emmène faire le tour
De ma drôle de vie
Je te verrai tous les jours
Et si je te pose des questions
Qu'est-ce que tu diras
Et si je te réponds
Qu'est-ce que tu diras
Si on parle d'amour
Qu'est-ce que tu diras ?
Si je sais que tu mènes
La vie que tu aimes
Au fond de moi
Me donne tous ses emblèmes
Me touche quand même du bout de ses doigts
Même si tu as des problèmes
Tu sais que je t'aime
Ça t'aidera
Laisse les autres totems
Tes drôles de poèmes
Et viens avec moi
On est parti tous les deux
Pour une drôle de vie
On est toujours amoureux
Et on fait ce qu'on a envie
Tu as sûrement fait le tour
De ma drôle de vie"
Isabelle pensait. Cette chanson ressemblait tellement à leur vie...
La nuit passait, sans qu'elle ne parvienne à s'endormir. Le lendemain, jeudi, Philippe se réveilla et s'aperçut qu'Isabelle l'observait.
PHILIPPE: -Tu m'as regardé dormir toute la nuit ?
ISABELLE: -Oui.
PHILIPPE: -Tu dois penser que je suis un lâche de ne pas voir porté secours à mon père.
ISABELLE: -Non, pas toi.
Cette réponse voulait tout dire.
Pierre aussi avait demandé si elle pensait qu'il était lâche de tout quitter, elle avait répondu que non, sans plus, là, elle avait rajouté "pas toi", ce qui signifiait bien qu'elle n'avait pas osé dire à Pierre qu'il avait raison. Isabelle se disait qu'elle aurait dû être honnête avec lui mais elle n'en n'avait pas eu le courage.Ce n'était pas le problème, elle se souvint subitement de la remarque de Vannier au sujet de Philippe, qu'il était "dangereux". Isabelle se demandait comment il avait pu le savoir étant donné qu'il n'avait jamais été dénoncé. Soit il faisait partie de la même bande que ceux qui ont braqué la cargo, peu probable, soit il connaissait quelqu'un en lien avec cette histoire. Cette hypothèse était déjà plus intéressante.
ISABELLE: -Dis-moi, Philippe, est ce que tu te souviendrais du nom de la femme pour laquelle ton père a laissé sa vie ? tenta la gendarme.
PHILIPPE: -Lima...
ISABELLE (réalisant quelque chose): -Est-ce qu'elle avait une fille ?
PHILIPPE: -Je ne sais pas moi ! Je ne crois pas ! On n'était pas leurs voisins. Pourquoi tu me demandes ça ?
ISABELLE: -Astrid !
Elle courut vérifier sur son ordinateur au bureau si elle n'avait rien sur Astrid Lima. Effectivement, c'était le néant dans le dossier.
Elle décida alors d'appeler le commandant Vannier, il lui donna rendez-vous à la terrasse d'un café.
GRASSE/ CENTRE-VILLE/ CAFE.
ISABELLE: -Ecoute-moi, c'est important. Tu sais que tu m'as parlé d'un danger à propos de Philippe, de quoi tu parlais à ce moment-là ?
VANNIER: -Ah tu me tutoie ? Bien, si tu es venue me voir, c'est que tu es au courant de son passé maintenant.
ISABELLE (énervée): -Comment tu as su ?
VANNIER: -Je parie que tu connais la réponse si tu me demande.
ISABELLE: -Astrid Lima ?
VANNIER: -Tu es décidément un excellent gendarme Isabelle.
ISABELLE: -Merci, c'est gentil mais qui est cette fille par rapport à la femme que le père de Philippe a sauvé.
VANNIER: -La femme est peut-être la mère de cette fille, dans ce cas, Astrid est la soeur de Philippe et ton futur mari est un monstre, tu imagines...
ISABELLE: -Tu bluffes. Je suis certaine que tu connais la vérité.
VANNIER (agaçant): -Ca te dérangerait tant que ça que ton futur mari ait embrassé sa demi-soeur ?
ISABELLE (agacée): -Oui, un peu vois-tu. Dis-moi la vérité.
VANNIER: -Ou alors, peut-être que ton grand Philippe Kremen t'a menti, cette histoire n'a peut-être jamais eu lieu.
ISABELLE: -Il n'est pas comme ça, tu te rends compte de ce que tu me dis ? Allez, raconte-moi tout ce que tu sais.
Une marchande de roses passa à ce moment-là. Hervé Vannier ne put s'empêcher de lui acheter une pour Isabelle et lui offrit.
ISABELLE (glaciale): -Merci, à quoi tu joues Hervé ?
VANNIER: -Tu le sais très bien... la nargua-t-il.
ISABELLE: -Parle, je t'écoute.
VANNIER: -Approche ! lui ordonna-t-il discrètement pour ne pas ameuter toute la terrasse.
Isabelle n'eut pas d'autre choix pour connaitre la vérité. Vannier en profita pour l'embrasser.
ISABELLE: -Rassure-moi, je ne suis pas censée te remercier, au moins ?
VANNIER: -Je te rassure, je ne t'en demanderai pas tant, un sourire suffira.
ISABELLE: -Je veux les infos maintenant.
VANNIER: -Astrid Lima, mon ex-femme est la nièce de Juliette Lima la femme qu'a sauvé le père de Kremen. D'ailleurs, d'après mes infos, il n'y a jamais eu de liaison entre Gustave Kremen et Juliette Lima.
ISABELLE (n'en revenant pas): -Alors pourquoi Astrid a décidé de jouer avec Philippe ? Quel est son idée ?
VANNIER: -Astrid est un peu folle tu sais, on ne sait jamais à quoi elle pense.
ISABELLE: -Folle ? Ah, c'est facile a dire ça, la folie n'explique pas tout Hervé, c'est ce qu'on dit quand on ne sait pas quoi dire. Laisse moi deviner, tu n'as jamais divorcé, tu as fait interner ta femme.
VANNIER (stupéfait): -Oui, bon, je suis désolé de t'avoir menti, mais c'était plus simple à dire.
ISABELLE: -A cette heure là, je suppose que tu devrais être en train de lui parler à la clinique et pas en train d'essayer de m'embrasser.
VANNIER: -Elle peut faire plus de mal que n'importe qui.
ISABELLE: -Elle ne peut pas être pire que tout ces gens que j'arrête.
VANNIER: -Tu ne la connais pas.
ISABELLE: -Ca va pour cette fois, je ne t'en tiendrai pas rigueur, mais n'essaie plus jamais de m'embrasser comme ça. C'est compris ?
Vannier hocha la tête bien décidé à recommencer un jour.
La gendarme s'en alla et rentra à la caserne. Elle avait besoin de passer du temps avec Chloé mais aussi avec Philippe et il faudrait qu'elle rappelle Nicolas pour essayer de le dissuader de se marier avec cette fille. Il lui restait encore tellement de choses à faire ce jour là. Mais aussi les courses à faire, elle aurait bien aimé déléguer cette responsabilité à Chloé mais le problème était qu'elle râlerait et qu'elle devait réviser ses cours. Isabelle décida qu'elle ferait les courses seules, Philippe insista pour venir mais Isabelle dit non, elle refusait de rentrer dans ce genre de routine tue-l'amour. Elle partit donc au supermarché avec Christine, elle profiterait de sa voiture pour ramener les lourds sacs de courses.
GRASSE/ SUPERMARCHE CARREFOUR/ 14 H 05.
CHRISTINE: -Et ça va mieux avec le Capitaine ?
ISABELLE: -A peu près, disons qu'on en apprend tous les jours un peu plus qur les gens qu'on aime.
CHRISTINE: -Ah ben un couple, on n'est jamais au bout de ses surprises ! rigola-t-elle en prenant un paquet de pâtes.
ISABELLE: -Oh, ça je sais, même avec les autres hommes.
CHRISTINE: -Vous parlez de Pierre ?
ISABELLE: -Pierre. Entre autres. Je crois qu'en fait ça a été une chance pour nous, cette aventure qu'on a eu, on a été heureux quand même un peu. Si j'ai pu le rendre heureux, alors je suis contente pour lui...
UNE FEMME (dans un autre rayon): -Ahhhhhh !
Isabelle, surprise, entendit ce cri provenant de l'allée juste derrière les paquets de céréales. Elle se précipita avec Christine pour venir en aide à la femme.
Celle-ci allongée sur le carrelage froid du supermarché hurlait de douleur.
ISABELLE: -Madame, qu'est ce qu'il vous arrive ? J'appelle les secours !
FEMME: -C'est... les médicaments, je n'ai pris que ça aujourd'hui... Ca ne peut rien être d'autre...Aïe !
ISABELLE: -Vous vous appelez comment ?
FEMME: -Ingrid... Duchemin.
ISABELLE: -Moi c'est Isabelle Florent, je suis gendarme. Tenez bon.
Isabelle appela le Samu.
Quelques minutes plus tard les ambulanciers du Samu arrivèrent au secours de la belle Ingrid.
ISABELLE: -Bonjour Docteur, Lieutenant Isabelle Florent, gendarmerie nationale, la femme s'appelle Ingrid Duchemin, elle dit n'avoir pris que des médicaments que des antihistaminiques pour les allergies...
MEDECIN (lui coupant la parole): -Oui, merci Lieutenant, je sais ce que sont des antihistaminiques.
ISABELLE: -Bon, d'accord, vous me tenez au courant de son état, je rentre à la brigade, je passerai l'interroger avec un collègue tout à l'heure.
MEDECIN: -A tout à l'heure Lieutenant.
ISABELLE: -Dispersez-vous messieurs dames, il n'y a rien à voir.
Elle retourna vers son caddie resté vers Christine qui observait la scène depuis l'autre côté du rayon à travers les paquets de pâtes Panzani. Elles finirent leurs courses et reprirent leurs discussion là où elles l'avaient laissé.
CHRISTINE: -Pierre n'était pas un homme pour vous Isabelle, je suis désolée de vous le dire comme ça...
ISABELLE: -Ne soyez pas désolée, il le savait, on passait notre temps à se disputer, parfois pour un rien. Mais quand il voulait, il était tellement gentil.
CHRISTINE: -Il nous a toujours dit qu'il était fou amoureux de vous.
ISABELLE (rigolant): -Vous cherchez à me faire culpabiliser là ?
CHRISTINE: -Non, vous croyez que ça ira pour lui à La Réunion ?
ISABELLE: -Mieux que vous ne pouvez le penser... dit-elle en songeant qu'il l'avait déjà remplacée par Hélène Lepage
Quelques dizaines de minutes plus tard les deux femmes étaient passées à la caisse. Elles étaient aussi rentrées à la caserne et avaient eu le temps de ranger leurs courses respectives dans leurs réfrigérateur et placards.
Isabelle vit qu'elle avait oublié de cacher la rose que Vannier lui avait offerte mais elle s'aperçut aussi que quelqu'un l'avait mise dans un soliflore.
ISABELLE: -Chloé, c'est toi ma puce qui a mis la fleur dans un vase ?
CHLOE: -Oui, Philippe n'est pas revenu depuis qu'il est parti au bureau ce matin, mais si ce n'est pas lu qui te l'a offerte c'est qui ?
ISABELLE: -Chloé... Ca c'est ma vie privé... lui reprocha-t-elle.
CHLOE: -Attends, laisse-moi deviner ! C'est Pierre ?!
ISABELLE: -Non, c'est pas Pierre... Mais je ne te dirai pas qui c'est.
CHLOE: -Allez ! la supplia-t-elle.
ISABELLE: -Non, non, d'ailleurs cette rose n'a aucune signification pour moi.
CHLOE: -C'est faux, sinon tu l'aurais déjà jetée.
La jeune fille repartit dans sa chambre après avoir pris un paquet de biscuits dans le sac de courses.
Isabelle rangeait ses courses en pensant à ce que venait de lui dire Chloé. Si cette fleur n'avait eu aucune importance pour Isabelle, elle l'aurait déjà jetée, or ce n'était pas le cas. Quand Hervé l'avait embrassée le matin-même, elle semblait être restée de marbre, mais la vérité était tout autre. Cela lui avait rappelé une foule de souvenirs, de bons souvenirs. Elle se ressaisit et pensa à Philippe, elle venait de se débarrasser de son ex, ce n'était pas pour avoir un nouvel amant, ah non ! Elle aimait Philippe. Pour elle qui se promettait de ne pas mélanger vie privée et vie professionnelle, ce défi était raté: sa vie privée dépendait largement de ses choix professionnels.
GRASSE/ HOPITAL/ URGENCES/ 17H00
RIVIERE: -C'est où ?
ISABELLE: -La secrétaire nous a dit chambre 815.
RIVIERE: -Huitième étage ?
ISABELLE: -L'ascenseur de ce bâtiment est en panne depuis ce matin, elle nous a prévenu ! Un peu de sport Francis.
RIVIERE: -Oh non ! râla-t-il.
ISABELLE: -Plus de problèmes avec les odeurs d'hôpital ?
RIVIERE: -Non, enfin, ça dépend des services, elle a quoi exactement la femme qu'on vient voir ?
ISABELLE: -Ingrid Duchemin, elle s'est sentie mal au moment où on faisait nos courses avec Christine, j'ai donc couru à son secours. Elle hurlait de douleur, les gens la regardait, sans rien faire, j'ai horreur de ça... Tenez,encore deux étages et c'est là. Oh non pas lui... râla-t-elle en voyant le médecin du SMUR qui avait l'air assez pressé, heureusement pour elle.
MEDECIN: -Bonjour Lieutenant. Vous venez voir la fille que vous avez sauvé ce matin ?
ISABELLE: -Bonjour, sauvé ? A ce point là ?
MEDECIN: -Oui, elle a failli y rester. Les résultats de la prise de sang sont sur sa table de chevet. C'est alarmant. Je vous laisse Lieutenant, une urgence, mais je peux me faire remplacer par un collègue puisque vous êtes là.
ISABELLE (à Rivière): -Allez y Francis, je vous rejoins.
MEDECIN: -Lieutenant, sachez que la prise de sang d'Ingrid a révélé qu'elle n'avait jamais pris d'antihistaminiques mais une forte dose de cannabis.
ISABELLE (regarde le médecin, interloquée): -Elle n'avait pas l'air de mentir ce matin.
MEDECIN: -Isabelle, vous permettez que je vous appelle Isabelle, sachez que quelqu'un qui a mal, ne peut pas mentir, sa priorité est de faire passer la douleur.
ISABELLE: -Lieutenant, se sera plus simple. Bien, o alors cette fille ne savait pas qu'elle ingérait de la drogue. C'est possible non ?
MEDECIN: -A son insu ?
ISABELLE: -Ce serait possible non ?
MEDECIN: -Si elle vous a dit qu'elle a pris des antihistaminiques c'est que c'est peut-être qu'elle croyait en avoir pris.
ISABELLE: -Merci Docteur.
MEDECIN: -Aymeric. Vous accepteriez de venir prendre un verre en terrasse, en ville.
ISABELLE: -Non, désolée.
MEDECIN: -Je serai à dix-sept heures demain au Guarrigue's Bar.
Isabelle lui sourit, flattée, elle ne voudrait pas le vexer mais ne savait pas si elle allait se rendre au rendez-vous.
GRASSE/ HOPITAL/ CHAMBRE 815.
ISABELLE: -Bonjour Mademoiselle Duchemin, vous vous souvenez de moi ?
INGRID: -Oui, Isabelle Florent, vous êtes gendarme. Merci, pour ce matin.
ISABELLE: -C'est un métier. Mon collègue Francis Rivière et moi, nous allons vous interrogez, vous pensez que vous êtes en état de répondre à deux-trois petites questions ?
INGRID (avec un faible sourire): -Allez-y, je peux encore parler.
ISABELLE: -Vous avez pris quoi ce matin ?
INGRID: -Des antihistaminiques, pour mes allergies au pollen, c'est de saison.
RIVIERE: -Vous en avez encore ?
INGRID: -Trois boîtes chez moi, dans mes armoire à pharmacie, et quelques uns dans la poche intérieure de ma veste, regardez.
RIVIERE (après être allé les chercher, il les mit dans une pochette): -On va les analyser, vous ne saviez vraiment pas que c'était de la drogue ?
INGRID: -J'ai bien vu qu'il y avait un goût bizarre, mais je me suis dis que les médicaments ce n'était jamais bon.
RIVIERE: -Vous les avez acheté où ?
INGRID: -A la pharmacie du centre, Place de la République.
ISABELLE: -Vous vous souvenez de qui vous les a vendu ?
INGRID: -Ah oui ! Ca très bien, un jeune pharmacien, plutôt pas mal... sourit-elle. Dîtes, vous allez pas le placer en garde à vue ?
ISABELLE: -Ca dépendra de ce qu'il nous dira Ingrid, allez soignez-vous bien, il faudra que vous passiez à la gendarmerie consigner tout ce que vous venez de nous dire. Au revoir.
RIVIERE: -Au revoir.
INGRID: -Au revoir.
GRASSE/ HOPITAL/ URGENCES/ COULOIR.
RIVIERE: -Je me demande bien ce que le pharmacien a pu trafiquer...
ISABELLE: -On va aller lui demander, on aura une réponse. Oh non ! Pas lui, cachez moi Francis ! ordonna-t-elle en voyant le médecin de dos.
RIVIERE: -Vite l'escalier, à gauche.
ISABELLE: -Ah non mais qu'est ce qu'il est lourd avec son numéro de dragueur...
RIVIERE: -Il a l'air sympa, à votre place...
ISABELLE: -Ah mais il est très sympa, mais c'est pas mon genre, et puis vous n'êtes pas à ma place ! rigola-t-elle.
RIVIERE: -Il vous a donné rendez-vous ?
ISABELLE: -Ce que vous êtes curieux, ma parole ! Et si vous voulez savoir, oui, demain à dix-sept heure en ville. (Francis regarda Isabelle) Non, je n'irai pas.
RIVIERE: -Je suppose que je ne dois rien dire à personne ?
ISABELLE: -Voilà, cette discussion n'a jamais eu lieu.
GRASSE/ PHARMACIE/ 18h22.
RIVIERE: -Bonjour ! Gendarmerie Nationale, nous recherchons un vendeur jeune et mignon, selon la description qu'on nous en a faite, je suppose qu'il ne s'agit pas de vous... constata l'O.P.J. en voyant la femme blonde, la cinquantaine, l'air fille fille un peu aigrie.
PHARMACIENNE: -Je vais vous le chercher. Franck, la gendarmerie pour toi !
FRANCK: -Oui, bonjour que puis-je faire pour vous ?
RIVIERE: -Est-ce que vous vous souvenez avoir vu cette jeune femme ?
FRANCK: -Ah ben oui, c'est Ingrid Duchemin, je lui avait même dit qu'elle est très mignonne sur la photo de sa carte vitale.
RIVIERE: -Bien, vous lui avez vendu quoi ?
FRANCK: -Des antihistaminiques, enfin des anti-allergies pour le pollen.
ISABELLE: -Vous en avez encore ?
FRANCK: -Tenez, voilà... leur dit-il en leur présentant une boîte de pseudos-médicaments.
ISABELLE: -Ca coûte combien ?
FRANCK: -Dans la vingtaine d'Euros, les vingts comprimés. Pourquoi ? Elle a porté plainte ?
ISABELLE: -Merci, bonne soirée.
RIVIERE: -Bonne soirée, merci.
Franck, le jeune pharmacien, resta debout, surpris par cet interrogatoire.
ISABELLE: -On emmène tout ça à Platon, qu'il compare la boîte avec le sachet de ceux d'Ingrid, après on verra bien où cela nous mène.
Isabelle et Francis allèrent au labo, discutèrent avec Patrick qui râla que donner du travail à cette heure tardive, ce n'était pas humain, pas après toutes ces années... Isabelle rentra chez elle, salua Chloé et alla embrasser Philippe -plus pour se rassurer que par amour- et ouvrit le placard de la cuisine.
PHILIPPE: -Tiens, y a une rose rouge...
CHLOE (arrivant): -Oui, c'est Gaël qui me l'a offerte.
PHILIPPE: -C'est qui Gaël ?
ISABELLE: -Son nouveau copain.
PHILIPPE (naïf): -D'accord, il est bien au moins celui-là ?
CHLOE: -Un ange.
PHILIPPE: -Tant mieux Chloé. Je vais chercher une bouteille de Bordeaux et je reviens.
Une fois Philippe partit, Isabelle se tourna vers Chloé.
ISABELLE: -Merci beaucoup ma puce ! T'es un amour.
CHLOE (faussement narcissique): -Je sais !
ISABELLE: -Oh c'est beau la modestie.
CHLOE: -Je plaisante bien sûr. Ah au fait, je mange chez Jeanne ce soir et je dors chez elle, on va réviser, il y aura ses parents.
ISABELLE: -D'accord, seulement si vous ne faites pas n'importe quoi.
Isabelle se dit que c'était une bonne idée pour passer une soirée, tous les deux, elle et Philippe
Philippe croisa Chloé dans le couloir, surpris qu'Isabelle la laisse sortir un soir de veille de contrôle.
PHILIPPE: -Isa...
ISABELLE (versant une bonne partie du paquet de pâtes dans la casserole): -Oui ?
PHILIPPE: -Non rien.
Une heure plus tard, alors qu'ils dînaient tranquillement, Philippe posa sa fourchette.
ISABELLE: -Ca ne va pas ?
PHILIPPE: -Si, je voulais te dire que maintenant que tout est résolu, on va enfin pouvoir penser à nous, tu ne crois pas ?
ISABELLE: -Oui, à nous... lâcha-t-elle.
Elle ne le pensait pas vraiment. Elle se disait plutôt "Si tu savais, nos ennuis ne sont pas encore finis"
PHILIPPE: -Pour le mariage, je voulais te dire aussi...
ISABELLE (levant les yeux en direction du plafond): -Quoi ?
PHILIPPE: -Je ne sais pas si on est prêts.
ISABELLE: -Que ce soit maintenant ou dans deux ans, qu'est ce que ça changera Philippe ? On s'aime non ?
PHILIPPE: -Je crois...
ISABELLE: -Comment ça, tu crois ?
PHILIPPE: -Je suis pas sûr, Isa, comprends moi.
ISABELLE: -Comprendre... Allez viens vers moi.
Elle l'embrassa.
ISABELLE: -Rentre chez toi maintenant... ordonna-t-elle blessée par les propos de Philippe.
Celui-ci n'eut pas d'autre choix que de partir. Elle en était sincèrement désolée pour lui. Lui, qui rentra donc chez lui, dans son appartement, chose meuble qu'il voyait lui rappelait l'après midi qu'il avait passé ici, mais pas seul. En effet, c'était en compagnie d'Alice Censier que le capitaine avait passé son après-midi. Alice avait fini par céder aux avances de son supérieur. Lui n'en n'était pas fier, encore une liaison qu'il n'avouerait jamais à Isabelle. Il repensa à l'erreur commise cet après-midi alors qu'Isabelle était en interrogatoire à l'hôpital avec Rivière.
"GENDARMERIE/ CASERNE/ PARTIE PRIVATIVE/ FIN DE L'APRES-MIDI.
Alice venait de croiser le capitaine dans le couloir, lui avait offert un sourire insistant.
PHILIPPE (discrètement): -Vous êtes charmante Alice.
ALICE CENSIER: -Pas autant que vous mon Capitaine.
PHILIPPE: -La couleur bleue vous va à ravir, et l'uniforme aussi.
ALICE CENSIER (en rougissant): -Merci mon Capitaine.
PHILIPPE: -Ma proposition tient toujours Alice, je ne plaisantais pas.
ALICE CENSIER (dévisageant Philippe): -Je n'oserai pas.
PHILIPPE: -Tu voudrais tant mais tu n'oserai pas, c'est ça ?
ALICE CENSIER: -Exactement. Mais vis-à-vis d'Isabelle ?
PHILIPPE (la retenant par le poignet): -Mais qu'est ce qu'on en a à faire d'Isabelle ? On est libres non ?
ALICE CENSIER (se laissant entraîner): -Vous savez que vous me plaisez beaucoup...
PHILIPPE: -Toi aussi, tu me plais beaucoup Alice, viens... murmura-t-il à la jeune femme en ouvrant la porte de son appartement.
ALICE CENSIER (se rapprocha et l'embrassa): -Pourquoi moi ?
PHILIPPE: -Je ne sais pas pourquoi toi, on se plaît c'est tout.
ALICE CENSIER: -C'est comme ça donc...
Il embrassa la jeune femme blonde...
[...] Alice embrassa Philippe dans le cou une heure plus tard. Heureuse, elle prit une photo sans aucune intention particulière. Philippe ne réalisa pas l'importance de cette photo et le pouvoir qu'elle donnait à la jeune gendarme."A vingt-trois heures, Philippe regrettait. Il regrettait vraiment de jouer la comédie à Isabelle mais il devait s'avouer qu'il était attiré par Alice.
Isabelle, de son côté était loin de se douter que Philippe jouait double jeu. Elle alla dormir épuisée quand elle entendit à la radio "La groupie du Pianiste" de Michel Berger. Elle écouta attentivement les parole et se dit qu'en replaçant la groupie par Pierre et le pianiste par elle-même, on arrivait à un schéma très proche de celui qu'elle avait vécu avec le gendarme blond.
"Elle passe ses nuits sans dormir
À gâcher son bel avenir
La groupie du pianiste
Dieu que cette fille a l'air triste
Amoureuse d'un égoïste
La groupie du pianiste
Elle fout toute sa vie en l'air
Et toute sa vie c'est pas grand chose
Qu'est-ce qu'elle aurait bien pu faire
À part rêver seule dans son lit
Le soir entre ses draps roses
Elle passe sa vie à l'attendre
Pour un mot pour un geste tendre
La groupie du pianiste
Devant l'hôtel dans les coulisses
Elle rêve de la vie d'artiste
La groupie du pianiste
Elle le suivrait jusqu'en enfer
Et même l'enfer c'est pas grand chose
À côté d'être seule sur terre
Et elle y pense dans son lit
Le soir entre ses draps roses
Elle l'aime, elle l'adore
Plus que tout elle l'aime
C'est beau comme elle l'aime
Elle l'aime, elle l'adore
C'est fou comme elle aime
C'est beau comme elle l'aime
Il a des droits sur son sourire
Elle a des droits sur ses désirs
La groupie du pianiste
Elle sait rester là sans rien dire
Pendant que lui joue ses délires
La groupie du pianiste
Quand le concert est terminé
Elle met ses mains sur le clavier
En rêvant qu'il va l'emmener
Passer le reste de sa vie
Tout simplement à l'écouter
Elle sait comprendre sa musique
Elle sait oublier qu'elle existe
La groupie du pianiste
Mais Dieu que cette fille prend des risques
Amoureuse d'un égoïste
La groupie du pianiste
Elle fout toute sa vie en l'air
Et toute sa vie c'est pas grand chose
Qu'est-ce qu'elle aurait bien pu faire
À part rêver seule dans son lit
Le soir entre ses draps roses
Elle l'aime, elle l'adore
Plus que tout elle l'aime
C'est beau comme elle l'aime
Elle l'aime, elle l'adore
C'est fou comme elle aime
C'est beau comme elle l'aime
La groupie du pianiste..."
Elle se rendit compte à la fin de la chanson qu'elle pleurait en regardant une photo de Pierre. Elle devait voir la réalité en face: elle pleurait en voyant une photo de son ex... C'était assez pathétique, peut-être qu'elle l'aimait encore. Non, impossible, elle aimait Philippe, mais pour combien de temps ?
Le lendemain à la caserne, une ambiance particulière régnait sur le bureau. Personne ne disait rien, tous baissaient les yeux ou chuchotaient et se taisaient subitement quand l'un des trois passait, que ce soit Philippe, Alice ou Isabelle. Quand l'amant et la maîtresse se croisaient, on pouvait percevoir sur leurs visages des sourires. Ils n'avaient pas l'air de s'apercevoir qu'ils avaient été aperçus ensemble.
UN GENDARME: -Si elle savait, elle n'en reviendrait pas...
UN SECOND GENDARME: -Si Pierre était encore là, tu parles il serait déjà en train de la consoler...
UN TROISIEME GENDARME: -Mais l'autre quel salaud ! Je n'en reviens pas, dire qu'il se tape la stagiaire ! Elle a vingt cinq ans de moins que lui !
LE SECOND GENDARME: -Dis, ce qui te dérange, c'est plutôt qu'elle l'ait choisi lui plutôt que toi.
LE PREMIER GENDARME: -Mais vingt-cinq ans de différence, tu te rends compte, il pourrait être son père.
UNE QUATRIEME GENDARME (arrivant avec un dossier): -Hey les garçons, arrêter, au lieu de papoter sur les amants, vous n'en avez pas marre, des commérages ? C'est leur vie, laissez-les, ils arrangeront leurs histoires eux-même, c'est la vie privée ! Tiens, je vous amène les P.V. de stationnement de l'autre jour.
LE TROISIEME GENDARME: -Tiens donc, v'la que tu prends leurs défense Sophie, tu es vraiment pathétique, ma pauvre je te plains ! Si elle savait l'autre... J'imagine pas sa tête quand elle apprendra...
LA QUATRIEME GENDARME: -Chut, elle arrive !
Les quatre gendarmes se mirent rapidement au travail.
ISABELLE: -Bonjour ! J'entendais parler, pourquoi vous vous taisez quand j'arrive ? Rien de spécial pendant la nuit.
GENDARME 1: -Pour nous, non, rien.
ISABELLE: -Bien, alors quelqu'un peu aller chercher le sachet que j'ai fait comparer au labo ?
GENDARME 2: -J'y vais Lieutenant.
Isabelle remarqua que son téléphone sonnait, elle s'isola dans son bureau pour répondre.
ISABELLE: -Allô, oui Vannier, qu'est ce tu veux ?
VANNIER: -Oh, je suis ravi de cet accueil Isabelle, ironisa-t-il.
ISABELLE: -Bon, qu'est ce que tu veux ?
VANNIER: -On peut se voir, je dois te dire quelque chose d'important à te dire.
ISABELLE: -Bon, d'accord. Où ?
VANNIER: -Au même café que l'autre fois.
Isabelle se dépêcha de se rendre au café et le vit assis à la terrasse.
GRASSE/ CENTRE-VILLE/ CAFE/ TERRASSE.
VANNIER: -Comment tu vas ma belle ?
ISABELLE: -Ca va, ça va, merci, si tu voulais me voir, je pense que ce n'est pas uniquement pour les besoins de l'enquête, ça avait l'air important au téléphone
VANNIER: -Ce matin on m'a envoyé ça... dit-il en montrant une photo de Philippe et Alice dans le même lit.
ISABELLE (amer): -D'où vient cette photo ?
VANNIER: -Envoi anonyme, passé depuis un numéro masqué d'une carte prépayée.
ISABELLE: -Je vois que tu t'es déjà renseigné.
VANNIER: -C'est très imprudent de la part de ta stagiaire de prendre une photo d'elle et son amant chez lui. En tout cas de laisser traîner son portable, c'est certainement pas eux qui ont envoyé cette photo.
ISABELLE: -Encore cette taupe tu penses ?
VANNIER: -Probable.
ISABELLE: -D'accord, bon.
VANNIER: -Isabelle, si j'ai eu ce message c'est que toute ta brigade est au courant. Et tu est la dernière à le savoir. Je te conseille de régler tes problèmes avant que cette taupe décide de te le faire payer. Isabelle, tu mets les choses au clair avec ton futur mari avant que ça dérape.
ISABELLE: -Futur mari, ça ne me paraît plus d'actualité. Bon tu es gentil de m'avoir prévenue. Sans toi, j'aurai même pas été au courant.
VANNIER: -De rien, je fais ce que je dois faire.
ISABELLE: -Tu n'étais pas obligé de me prévenir, mais je reconnais, que tu as bien fait.
VANNIER: -C'était un plaisir de toi, même si j'aurai préféré d'autres circonstances. Ca va aller ma belle ?
ISABELLE: -Il faudra, je vais m'expliquer avec lui et on verra bien.
VANNIER: -Courage.
Isabelle le remercia d'un signe de la main et partie, un peu énervée par ce qu'elle venait de découvrir. Non, elle n'en voulait pas à Alice, mais à Philippe, et beaucoup.
GENDARMERIE/ CASERNE/ APPARTEMENT DE PHILIPPE.
ISABELLE (entrant à l'improviste): -Ca va les amoureux ? Je ne vous dérange pas ?
Alice regarda Philippe et Isabelle stupéfaite. Alice lâcha la main de Philippe et se posta assez loin de son supérieur qu'elle était en train d'embrassé quand Isabelle était entrée.
ISABELLE: -Philippe, je peux te parler ? Alice sors ! ordonna-t-elle.
Alice s'exècuta.
PHILIPPE: - Isa...
ISABELLE: -Ne m'approche pas. Je pensais que je pouvais te faire confiance, on avait même parlé de se marier, je t'avais pardonné... Qu'est ce que tu cherches à te prouver ? Que tu peux séduire ? Et moi, tu as pensé au mal que me fais ! Philippe, j'ai vu la photo d'Alice, alors ne me dis pas que tu n'as fais que l'embrasser, ne nie pas. Je ne sais pas si je pourrai te pardonner cette fois-ci.
Elle s'en alla en claquant la porte.
ISABELLE: -Toi Alice, je savais que tu le trouvait très sympatique, très charmant, mais je ne pensais pas à ce point.
ALICE CENSIER: -Isabelle, je vous promets, que je suis désolée, je voulais pas au début, je veux pas vous faire de mal. J'ai résisté, il me plaisait c'est vrai...
ISABELLE: -Parce que'il ne te plait plus ? Arrête Alice, je t'en veux pas, paas à toi.
ALICE CENSIER: -Comment vous avez su ?
ISABELLE: -Peu importe, c'est toi qui a envoyé la photo au commandant ?
ALICE CENSIER: -Non, je ne trouve plus mon téléphone depuis tout à l'heure, j'étais au grand bureau et... Sophie !
ISABELLE: -Quoi Sophie ?
ALICE CENSIER: -C'est elle qui a envoyé la photo, elle a du fouiller dans mon téléphone, elle s'est envoyée la photo depuis mon numéro, a effacé le message et a transféré la photo à votre commandant.
ISABELLE: -C'est une bonne gendarme, pourquoi elle aurait fait ça ? s'interrogea-t-elle ?
ALICE CENSIER: -On va lui demander, j'aimerai bien récupérer mon portable.
GRASSE/ GENDARMERIE/ CASERNE/ GRAND BUREAU.
ISABELLE: -Sophie je peux vous voir dans mon bureau ?
GENDARME SOPHIE: -Tout de suite Lieutenant... (et à voix basse): -Et merde...
BUREAU D'ISABELLE.
ISABELLE: -Je sais que c'est vous qui avez envoyé le message au commandant de groupement. J'ai pas besoin d'aveux. Je veux savoir pourquoi ?
SOPHIE: -Je suis jalouse de vous Lieutenant, je sais, c'est stupide à mon âge. Mais vous avez tellement de chance d'avoir un homme comme lui...
ISABELLE: -C'est discutable, après ce qu'il a fait,vous pouvez y aller.
SOPHIE: -C'est idiot, vous allez si bien ensemble.
ISABELLE: -Je ne crois pas qu'il en ait grand chose à faire. Vous êtes jolie, vous avez trente-cinq ans et tous les hommes que vous voulez à vos pieds, pourquoi lui ?
SOPHIE: -Sans doute pareil que pour vous.
ISABELLE: -Son air rassurant, je comprends.Bon, ne vous inquietez pas, je ne vais pas faire de rapport contre vous Sophie, allez plutôt flasher les voitures avec Cluzeau sur l'autoroute, ne recommencez pas trop souvent Sophie.
SOPHIE: -Merci Lieutenant, je suis encore désolée.
ISABELLE: -Vous pouvez disposer.
Isabelle s'enferma dans son bureau, que faire après cela ? Partir ? Rester ? Déménager ?
Elle prit son téléphone et composa le numéro de Vannier.
VANNIER: -Allô, ma belle, comment ça s'est passé ?
ISABELLE: -Ca a été, à peu près.
VANNIER: -Tu sais que si tu veux, je peux le faire muter à l'autre bout de la France.
ISABELLE: -Ca te plairait ça, je vais te décevoir, pour l'instant je n'ai nullement l'intention de le faire muter.
VANNIER: -Dommage, il t'a quand même fait du mal.
ISABELLE: -Oui mais je pense que je peux passer au dessus de ça, et je déteste toujours tes méthodes.
VANNIER: -On peut se retrouver à quatorze heures, au parc ?
ISABELLE: -Oui, si tu veux.
GRASSE/ PARC/ 14H05.
ISABELLE: -Salut, tu es en retard Hervé ! sourit-elle.
VANNIER: -Je suis désolé, un imprévu à la boulangerie, la grand-mère devant moi avait pris les derniers sandwichs, j'ai dû attendre, qu'ils en fasse d'autre, je t'en ai pris un thon-mayonnaise, ça ira ?
ISABELLE: -Oh fallait pas... lui sourit-elle.
VANNIER: -Alors tu es de nouveau célibataire ?
ISABELLE: -On peut voir ça comme ça...
VANNIER: -Allez ma belle, ça va aller. Tu sais tout à l'heure, je t'ai proposé une mutation pour ton Capitaine, c'est encore possible.
ISABELLE: -Je parie que ce ne serait pas gratuit pour moi.
VANNIER: -On ne peut rien te cacher Isabelle.
ISABELLE: -J'ai besoin de prendre du recul par rapport à cette histoire, ne m'en veux pas.
VANNIER: -Sinon, je peux aussi ne pas le faire muter.
ISABELLE: -C'est une bonne solution, ce n'est pas la première fois qu'il me trompe.
VANNIER: -On dirait que tu t'y es habituée.
ISABELLE: -Non, ça fait toujours aussi mal.
VANNIER: -Tu veux savoir ce que ça te coûterait que je le laisse à son poste à Grasse ?
ISABELLE: -Oui... dit-elle alors qu'il la regardait dans ses beaux yeux verts. Elle embrassa Hervé longuement.
VANNIER: -Merci, depuis le temps que j'attendais.
ISABELLE: -C'est ça que ça me coûterait ? De sortir avec toi ?
VANNIER: -Et, réfléchis bien, si tu veux pas que j'éloigne sur un simple coup de téléphone ton cher Philippe, moi, je n'ai rien à y perdre. Mais toi, plus que moi, et je n'ai pas un souvenir désagréable de notre liaison autrefois.
ISABELLE: -Flatteur.
VANNIER: -Tu trouves ? Tu acceptes ?
ISABELLE: -Je parie que je dois m'afficher en public avec toi ?
VANNIER: -Tu es en train de me dire qu'on est mal assortis ?
ISABELLE: -Mais non, mais non, je pensais qu'un jour on serait de nouveau ensemble.
VANNIER: -Sans Kremen, on n'en serait pas là. Et non, tu n'est pas obligée de m'accompagner aux cérémonies
ISABELLE: -D'accord, Hervé, je ne vais te mentir, je pensais t'avoir oublié, mais à vrai dire, je ne suis indifférente à ton charme.
VANNIER: -Merci ma belle. Quand je t'ai revu il y a onze mois, je ne pensais pas qu'on en arriverait là tous les deux.
Isabelle quitta Vannier et leur repas pour rentrer travailler à la brigade. En entrant elle reçut un accueil mitigé, certains lui parlaient normalement mais d'autres la regardait de travers et baissaient la tête quand elle passait devant eux. Sophie n'en menait pas large. Isabelle s'enferma dans son bureau, son regard heurta la photo de Philippe sur son bureau. Elle s'en voulut aussitôt d'avoir embrassé Vannier. Elle se dit qu'elle devait à tout prix quitter Hervé sinon Philippe ne saurait pas à quoi s'en tenir. Le seul problème était qu'Hervé se servait de son pouvoir pour obliger Isabelle à sortir avec lui sous peine de donner à Philippe une mutation à Trifouilly-Les-Oies. Isabelle était donc piégée.
GRASSE/ GENDARMERIE/ GRAND BUREAU.
RIVIERE: -Je crois que j'ai quelque chose ! Isabelle, venez voir !
ISABELLE (arrivant): -Faîtes voir... demanda-t-elle en prenant le papier.
RIVIERE: -Ca va faire avancer l'enquête et pour de bon !
ISABELLE: -Bravo Francis, bon travail.
RIVIERE: -Mais pourquoi Ingrid nous a caché que sa mère était toxico ?
ISABELLE: -Tout n'est pas toujours facile à dire et puis on ne le lui a pas demandé.
RIVIERE: -Dans les problèmes de familles, sur la feuille de l'hôpital elle n'a rien écrit.
ISABELLE: -Francis... râla-t-elle.
RIVIERE: -Oui, j'arrête ok, on fait quoi pour l'enquête ?
ISABELLE: -C'est pas à proprement parler une preuve. Et une preuve de quoi ?
RIVIERE: -Si elle n'a pas parlé de la toxicomanie de sa mère c'est qu'elle doit avoir de bonnes raisons d'y cacher.
ISABELLE: -Je vous rappelle qu'Ingrid est la future héritière du père Duchemin, une grande lignée d'avocats, alors pour ne pas tenir cette belle réputation, il ne faut pas de scandales de ce genre là.
RIVIERE: -Alors où est l'intérêt pour une certaine personne que l'on appellera monsieur X de faire prendre à Ingrid de la drogue ?
ISABELLE: -La drogue peut faire faire n'importe quoi à la personne qui l'a prend, on est d'accord, donc peut-être que c'est cela le but rechercher, pour que le père Duchemin apprenne qu'Ingrid a fait des bêtises sous l'emprise de substances illicites et...
RIVIERE (lui coupant la parole): -Et qu'il la raye de son testament. J'ai compris. Mais qui aurait intérêt à faire cela ?
ROSEN: -Un potentiel adversaire d'Ingrid à la succession du cabinet notarial. C'est lui qui gère tout.
RIVIERE: -Faut le trouver, ça peut être qui ? Duchemin n'a pas d'associé dans son bureau, il a juste son clerc et sa secrétaire.
LESTAC: -Attendez, je crois que j'ai trouvé, Duchemin a eu une maîtresse, elle s'appelait Barbara Perrier.
ALICE CENSIER (lisant sur l'ordi de Ludovic): -Et elle a eu un fils: Franck Perrier, préparateur en pharmacie.
ISABELLE: -Préparateur en pharmacie, ce serait trop beau ! Il vit où ?
LESTAC: -A Grasse, enfin visiblement au camping vu qu'on a aucun renseignement sur son adresse.
ISABELLE: -On va l'interpeller à la pharmacie, c'est certainement lui qui a trafiqué les boîtes de médicaments.
GRASSE/ PHARMACIE.
ISABELLE: -Bonjour Monsieur Perrier, on vient vous arrêter, ah oui, ne tentez pas de vous enfuir, des gendarmes sont postés autour du magasin. Rivière, les menottes.
Il se laissa embarquer sans rechigner. Les passants, stupéfaits, ne disaient rien.
GRASSE/ GENDARMERIE/ BUREAU D'ISABELLE/ PORTE /COULOIR
Avant d'entrer dans le bureau, Isabelle appela Philippe au bout du couloir.
ISABELLE: -Hey, Philippe ! Tu as trente minutes devant toi ?
PHILIPPE: -Euh oui, pourquoi ?
ISABELLE: -Un interrogatoire, ça te dit ?
PHILIPPE: -C'est qui le suspect ?
ISABELLE: -Si tu t'intéressais un peu plus à l'enquête, tu le saurais, c'est Franck Perrier, un préparateur en pharmacie, suspecté d'avoir remplacé des antihistaminiques par de la drogue pour récupérer l'héritage de sa demi-soeur.
PHILIPPE: -Merci Isabelle. Entre.
GRASSE/ GENDARMERIE/ BUREAU D'ISABELLE.
ISABELLE: -Alors Franck, on sait que tu es le demi-frère d'Ingrid. Est-ce que tu as échangé les médicaments dans la boîte ?
FRANCK: -Mais non !
ISABELLE: -Tu es sûr ?
FRANCK: -Evidemment ! Je sais encore ce que j'ai fais !
ISABELLE: -Tu connais Ingrid Duchemin ?
FRANCK: -Evidemment, c'est une cliente, c'est aussi ma demi-soeur, vous l'avez dit vous-même ! s'énerva le jeune homme.
PHILIPPE: -Donc tu la connais ? Tu la connais bien ?
FRANCK: -Comme ça ! Un peu, je ne lui parle pas.
PHILIPPE: -Tu las connais suffisamment pour avoir une bonne raison pour lui donner de la drogue à la place des médicaments ! D'ailleurs c'est qui ton fournisseur ?
FRANCK: -Je ne dirai pas son nom. Vous risqueriez d'être déçu.
ISABELLE: -Donc tu reconnais avoir donné de la drogue à Ingrid à pris réduit, au prix du médicament.
FRANCK: -C'était pas pour elle, consommation personnelle.
ISABELLE: -Qui est ton fournisseur ? interrogea-t-elle.
FRANCK: -Quelqu'un de chez vous.
PHILIPPE (énervé): -Pardon ?!
ISABELLE: -Tu insinues qu'on aurait un collègue ripoux dans notre équipe là ?
FRANCK: -Renseignez-vous, je peux même vous dire ses initiales... s'amusa-t-il.
ISABELLE: -Ben vas-y, dis-les nous ses initiales.
FRANCK: -P.R.
Isabelle regarda Philippe. Ils firent rapidement le tour de leur mémoire pour vérifier combien ils avaient d'hommes dans leur brigade répondant aux initiales P.R. Un seul.
Isabelle faisait mine de garder la tête froide, mais elle bouillonnait. Comment ce dealer minable pouvait-il accuser son ami Pierre, un excellent gendarme, et aux dernières nouvelles il était parti à La Réunion. Elle s'empressa de l'appeler sur son portable mais il ne décrocha pas, elle se dit qu'il devait être en train de faire de la plongée au milieu des poissons avec Hélène. Il ne pouvait pas avoir dévié comme Franck l'indiquait, et de toute façon il était à Paris avant de partir à La Réunion. Philippe demanda au suspect à quel date le gendarme avait approvisionné Franck en daube. Celui-ci répondit que c'était deux jours avant l'accident d'Ingrid au supermarché. Kremen demanda à ce que l'emploi du temps de Roussillon soit vérifié sur les trois derniers jours, ce qui prendrait un temps considérable. Aucun des gendarmes présents n'avait envie d'enquêter sur un collègue. Avec l'aide de tous, ce travail considérable fut bouclé en moins de temps que prévu. Même si l'emploi du temps de Pierre était vérifié et qu'apparemment il était bien dans les îles Isabelle s'inquiétait, comment Franck pouvait il connaitre le nom d'un collègue parti au bout du monde.
ISABELLE (à Philippe): -Il bluffe, il a dû lire son nom dans le journal ou entendre son nom quelque part.
PHILIPPE: -Alors pourquoi il nous mène en bateau ?
ISABELLE: -Je sais pas Philippe, bon, écoute-moi, Pierre ne répond pas sur son portable, j'ai essayé d'appeler sa brigade, ils ne savent pas où il est, ils m'ont donné le numéro du resto d'Hélène, elle ne l'a pas vu depuis hier.
PHILIPPE: -Il est sûrement parti en mer.
ISABELLE: -Il aurait prévenu Hélène.
PHILIPPE: -Oh, je te connais toi, tu veux partir là-bas, tu penses qu'il a disparu et que ça a un lien avec notre enquête ?
ISABELLE (craignant la réaction de Philippe): -Oui, il faut le retrouver avant qu'un type du milieu, un contact de Franck s'en occupe.
PHILIPPE: -Je dois faire quoi ?
ISABELLE: -Reconnais que c'est inquiétant Philippe.
PHILIPPE: -C'est vrai, la disparition d'un gendarme, c'est pas fréquent.
ISABELLE: -Je sais que tu as peur pour moi, tu as peur que j'aille là-bas et qu'il se passe quelque chose entre Roussillon et moi, mais il ne va rien se passer (Elle lui prit la main). Rien. Je te promets.
PHILIPPE: -Je pense que tu seras utile là-bas. Tu connais bien Roussillon, tu pourras aider les enquêteurs. Tu m'as promis qu'il ne se passera rien, alors je te fais confiance, tu sais que je t'aime, alors tu fais attention à toi mon amour.
Isabelle, ravie qu'il ait enfin compris qu'elle avait besoin de retrouver son ami disparu pour être rassurée. Alors oui, elle tient beaucoup à Pierre mais en ami. Isabelle était touchée que Philippe lui fasse confiance après tout ce qu'il s'était passé. Elle sauta au cou de Philippe pour le remercier et l'embrassa, lui fit de même. Contente de l'avoir retrouvé, elle s'appuya contre Philippe.
ISABELLE: -Je te tiens au courant des avancées de l'enquête heure par heure, d'accord, merci Philippe. Vraiment. Je t'aime.
PHILIPPE: -Moi aussi, fais attention à,toi Isabelle, tu m'appelles quand tu arrives Isa s'il te plaît.
Elle le lui promit et le chargea de boucler l'enquête et se renseigna sur les vols.
PARTIE 2
LE LENDEMAIN/ ILE DE LA REUNION/ 8H/ HEURE LOCALE.
Isabelle venait d'arriver sur l'île, le décalage horaire l'avait un peu chamboulée, elle avait expressément demandée à ne pas avoir de comité d'accueil à son arrivée sur l'île. Elle n'avait aucune envie d'être accueillie par un pitbull en uniforme. Isabelle savait que les gendarmes de là-bas n'étaient pas toujours très coopératifs et elle en avait fais les frais à La Guadeloupe. Isabelle prit un taxi et demanda la gendarmerie, le chauffeur s'arrêta devant le bâtiment, elle paya la course, prit sa valise que le chauffeur lui donna et descendit du véhicule. Le bâtiment était joliment décoré aux couleurs locales, la fête de la localité approchait c'était pourquoi l'on avait accroché des guirlandes de fanions multicolores et des lampions. Ces derniers donnaient un air jovial et accueillant à la caserne, Isabelle entra dans le bâtiment en regardant les palmiers qui bordaient l'allée dernière elle puis elle se présenta à l'accueil.
ISABELLE: -Bonjour Lieutenant Florent de la brigade de Grasse, je viens voir le Capitaine Dumas.
GENDARME DE L'ACCUEIL: -Bonjour, il est dans son bureau au fond du couloir à droite.
ISABELLE: -Merci, bonne journée.
GENDARME DE L'ACCUEIL: -Bonne journée à vous aussi Lieutenant, merci.
Après avoir arpenté le couloir elle frappa à la porte, le Capitaine Dumas lui ordonna d'entrer.
LA REUNION/SAINT-DENIS/ GENDARMERIE/ BUREAU DU CAPITAINE DUMAS/ 8h25.
ISABELLE: -Bonjour mon Capitaine. Ravie de vous rencontrer.
CAPITAINE DUMAS: -Bonjour Lieutenant, on m'a prévenu de votre arrivée, je vous présente le major Lerouge et l'adjudant Garnier qui travaillent avec nous sur la disparition de l'officier Roussillon, durant votre présence ici, et étant donné votre grade, Lieutenant, vous serez leur supérieure directe et je serait votre référent.
GARNIER ET LEROUGE: -Bien mon Capitaine, Lieutenant.
ISABELLE: -Je pose ma valise à l'hôtel et je reviens.
CAPITAINE: -Ne vous donnez pas cette peine Lieutenant, ma femme et moi sommes ravis de vous accueillir, vous logerez chez nous, et ce n'est pas discutable. lui sourit-il.
ISABELLE (souriante): -Merci, c'est très gentil. Bon, commençons, où en est l'enquête ?
CAPITAINE DUMAS: -Cela fait trois jours que Roussillon a disparu. A partir du dix-sept mai au matin, on n'a plus eu de nouvelles. La dernière personne à l'avoir vu vivant c'est sa compagne, Hélène Lepage.
ISABELLE: -D'accord. Bien, quelles sont les pistes privilégiées ?
MAJOR LEROUGE: -L'enlèvement, le meurtre, la disparition volontaire, le suicide.
ISABELLE: -On peut déjà éliminer d'office la disparition volontaire et le suicide... indiqua-t-elle sûre d'elle.
MAJOR LEROUGE (étonné): -Pourquoi ? Vous pensez qu'un gendarme ne peut pas avoir de problèmes familiaux ou sentimentaux ?
ISABELLE: -Si mais pas lui, je le connais suffisamment bien pour savoir qu'il ne se suiciderai pas, il n'en n'a ni l'envie ni le courage.
ADJUDANT GARNIER: -Bien, il s'est peut-être noyé alors.
ISABELLE (se sentant étranglée à cette pensée): -Non, impossible, la marrée aurait ramenée son corps sur la plage et puis un petit détail Pierre sait nager quand même.
ADJUDANT GARNIER: -"Pierre" ? Vous l'appelez par son prénom ?
ISABELLE (agacée): -C'est un collègue, un ami, alors oui je le connais bien.
ADJUDANT GARNIER (moqueur): -A vous voir, on devine qu'il est plus qu'un amie, sinon vous n'auriez pas fait le déplacement.
ISABELLE (gardant son calme): -Il se trouve que dans une affaire que nous sommes en train de traiter en métropole un petit dealer a balancé ses initiales en nous disant que c'était quelqu'un de chez nous qui le fournissait en daube, alors oui, je me pose des question mais ça ne prouve rien, il a pu tout inventer et bluffer et je suis ici car je n'ai pas de nouvelles. Bien, on peut reprendre ? Vous avez été voir Hélène Lepage ?
MAJOR LEROUGE (s'emparant d'une feuille et d'un stylo): -Oui, mais elle n'a rien pu nous dire de plus ?
ISABELLE: -La triangulation de son portable ça a donné quoi ?
CAPITAINE DUMAS: -Rien, il est éteint.
ISABELLE: -Et la perquisition à leur domicile ?
ADJUDANT GARNIER: -Rien Lieutenant.
ISABELLE: -Je vois qu'on a du boulot. Allez, Adjudant vous venez avec moi, vous m'emmenez au restaurant d'Hélène, je veux la réinterroger, vous, vous vous occupez d'interroger les habitués du resto. Major, vous pouvez me trouvez les clefs de son appartement s'il vous plaît, et je voudrai une recherche précise de son emploi du temps avant sa disparition, c'est possible ?
MAJOR LEROUGE: -Bien sûr Lieutenant, je m'en occupe avec des collègues.
ISABELLE: -Bien, on y va.
LA RUENION/ PLAGE/ BAR-RESTO D'HELENE.
Le trajet avec Garnier s'était effectué dans le plus grand silence, un silence assez pesant. Ils descendirent de la voiture.
ISABELLE: -Vous interrogez les clients Garnier ?
ADJUDANT GARNIER (moqueur): -A vos ordres ! Toujours pour moi le sale boulot.
ISABELLE: -Ne vous plaignez pas, vous êtes sur le terrain, vous pourriez être au radar.
Elle se dirigea vers le bar où se tenait Hélène en train de faire un cocktail.
ISABELLE: -Bonjour Hélène ! lanca-t-elle.
HELENE LEPAGE: -Isabelle Florent, je m'attendais à votre visite, je dois vous avouer que je suis ravie que ce soit vous qui vous occupiez de l'affaire.
ISABELLE: -Ca va ?
HELENE LEPAGE: -J'ai ouvert le resto ce matin parce qu'il le fallait bien mais j'ai pas le moral. Ce resto on l'a monté avec Pierre, je suis inquiète Isabelle.
ISABELLE: -Pour ne rien vous cacher moi aussi. Quand avez-vous vu Pierre pour la dernière fois.
HELENE LEPAGE (triste): -Il y a trois jours,le matin du dix-sept mai, il m'a dit qu'il partait en mer sur son bateau....
ISABELLE (lui coupant la parole): -Pierre a un bateau ?
HELENE LEPAGE: -Oui, un voilier, un trois mats, il l'a acheté juste après notre arrivée ici, il y a de ça deux semaines.
ISABELLE: -Merci beaucoup, il est amarré où ?
HELENE LEPAGE: -Sur le port, au ponton quinze emplacement B13. Le dauphin.
ISABELLE: -Merci, j'y vais, merci vraiment Hélène.
HELENE LEPAGE: -Ce soir on a une fête a village, vous venez ?
ISABELLE: -Si on avance dans nos recherches, je pourrai peut-être venir, je l'espère en tout cas, à tout à l'heure.
Isabelle se dirigea vers le bateau de Pierre, dès qu'elle aperçut Le Dauphin, elle se précipita, la gendarme se rendit compte que son collègue Garnier l'avait rattrapé.
ADJUDANT GARNIER: -Vous auriez pu me dire où vous alliez, ça m'aurait évité de vous chercher ! lui reprocha-t-il.
ISABELLE: -Vous auriez pu me dire que Roussillon a un bateau, ça m'aurait évité de l'apprendre par sa compagne !
ADJUDANT GARNIER (sur la défensive): -On ne savait pas !
ISABELLE: -C'est pas le genre d'acquisition qu'on cache... dit-elle en contemplant le fameux trois mats.
ADJUDANT GARNIER: -Sauf s'il l'a acquis pour des raisons douteuses.
ISABELLE: -Vous insinuez quoi ?
ADJUDANT GARNIER: -Vous voyez très bien Isabelle !
ISABELLE: -Lieutenant. Et je ne pense pas que Roussillon serait à la tête de quelque trafic que ce soit !
ADJUDANT GARNIER: -Qu'est ce que vous en savez ? Les gens changent.
ISABELLE: -Ne me dites pas que vous avez fouillé dans le passé d'Hélène Lepage, je crois que je n'apprécierai pas tellement.
ADJUDANT GARNIER: -C'est la procédure Lieutenant.
Isabelle après avoir fait le tour du pont du bateau, Isabelle ouvrit la porte avec le coude pour ne pas laisser d'empreintes où cas où il y en ait déjà, plus précisément, elle se contenta de pousser la porte qui était déjà ouverte. Elle n'était pas suivie par Garnier qui avait décidé de rester sur le pont. Elle demanda donc des gants au gendarme qui, par chance, en avait de la poche de son short. Elle le remercia pour éviter un reproche puis s'engouffra de nouveau dans la cabine du bateau. Là, elle scruta le moindre détail mais étant donné le fait que Pierre avait acheté son bateau il y a deux semaines, celui-ci n'était pas très personnalisé, hors-mis une photo de Pierre avec Hélène. Le navire ne semblait pas avoir été mis à sac malgré la porte fracturée. Elle ouvrit les placards, on n'y trouvait que des choses ordinaire, le plus souvent de la nourriture, du linge de maison pour le bateau mais rien d'extraordinaire. Elle allait repartir quand soudain, une boîte attira son attention: elle était de la taille d'une malle à jouet, en cuir. Avec le plus de précautions possibles, elle l'ouvrit. Sous un amas de coussins, elle découvrit des centaines d'enveloppes qui semblaient classées par année.
Isabelle vit une quinzaine de paquets, chacun d'entre eux contenait vingt quatre enveloppes. Elle s'aperçut avec stupeur que chaque lettre lui était destinée en voyant sur adresse sur les enveloppes. Elle trouva une excuse afin d'éloigner Garnier, ce que celui-ci fit, puis elle rentra à l'hôtel où elle avait provisoirement pris une chambre en attendant de poser sa valise chez la femme du capitaine.
LA REUNION/ HOTEL/ CHAMBRE 25.
Isabelle s'assit sur le lit et prit le premier paquet d'enveloppes, elle regarda la première, dessus était écrite son adresse à Auxerre. Elle l'ouvrit et commençait à lire:
" Auxerre, le 16 Mai 1996.
Adjudant-Chef,
Vous êtes arrivée à notre brigade le six Mai, on peut dire que nos débuts de travail ensemble ont été... difficiles, mais on a fini par s'adopter, par s'accepter, j'ai peut-être mis un peu longtemps à accepter votre présence, veuillez m'en excuser. Le soir de votre arrivée fut des plus mouvementés, Claire Moynet est morte. Dès le premier soir on s'est un peu engueulés, j'ai aimé votre caractère. Et votre regard. Quelques jours après on s'entendait plutôt bien, Rivière m'a reproché de vous avoir tutoyé, ensuite on a arrêté puis relâché Marchand. Vous avez toujours su qu'il était coupable, n'est-ce pas ? Un peu plus tard, vous l'arrêtiez dans la boue...J'ai eu peur pour vous Isabelle.
Pierre"
Ainsi, Isabelle découvrait que Pierre l'aimait depuis le début, elle n'avait lu que la première lettre mais les autres devaient être du même registre. Il n'avait jamais eu le courage de lui envoyer toutes ces lettres. Isabelle se dit que dans ses autres courriers Pierre devait décrire l'évolution de ses sentiments pour elle. Elle avait sous-estimé Pierre et ses sentiments. Quand elle remit la lettre dans l'enveloppe, elle avait les yeux embués de larmes et se rendit compte qu'elle tenant peut-être plus à Pierre qu'elle ne voulait bien se l'avouer...ou alors c'était lui qui laissait le trouble dans le coeur d'Isabelle dès qu'il passait. Il fallait vraiment qu'elle le retrouve, et vivant. Elle cacha donc les paquets de lettres dans sa valise fermée à code et se rendit à la gendarmerie locale après avoir revêtu son uniforme.
ILE DE LA RUENION/ SAINT DENIS/ GENDARMERIE/ CASERNE/ GRAND BUREAU/ 12H00.
La plupart des gendarmes mangeaient quand Isabelle arriva. Elle, ne pouvait pas, ce qu'elle avait découvert le matin même et l'optique du peu de chances de revoir Pierre vivant ne la satisfaisait pas du tout. L'inquiétude s'emparait d'elle. Elle demanda au Major Lerouge s'il avait les clés, il lui répondit en les lui donnant que c'était Hélène qui les lui avait passé et qu'elle serait là pour la perquisition.
Isabelle redoutait ce qu'elle allait pouvoir trouver, de toute façon que pouvait-elle trouver de pire que sa découverte du matin ?
GENDARMERIE/ CASERNE/ PARTIE PRIVATIVE/ APPARTEMENT DE ROUSSILLON.
Hélène attendait debout dans le salon pendant la perquisition. Isabelle fouillait tout, surtout les meubles du salon. Elle ne savait pas quoi chercher mais elle connaissait son métier. Après un tour minutieux de tous les placards, commodes et tiroirs, Isabelle fut surprise de constater que Pierre n'avait gardé aucune marque de leur passé commun, quoique, se dit-elle, il a peut-être vraiment voulu changer de vie. C'était bien une des rares fois que le gendarme avait une histoire sérieuse et Isabelle ne voulait pas la gâcher en racontant à Hélène la sienne. La gendarme ne fut toutefois pas surprise de ne trouver aucun indice concernant la disparition de Pierre qui commençait à devenir inquiétante: un gendarme ne disparaît jamais sans raison et l'on ne peut pas dire que ce soit un métier qui ne fasse faire que des amis à l'officier en question. On prévint Isabelle que le tour des hôpitaux et des services de secours, il n'avait été vu nulle part.
QUELQUE PART DANS UNE CAVE.
ROUSSILLON: -Tu penses me tuer quand ?
HOMME (le menaçant avec une arme): -Tais toi !
ROUSSILLON: -Je vais rester enfermé ici combien de temps encore ?
HOMME: -La ferme j'te dis !
ROUSSILLON: -On est où ?
HOMME: -Tais toi ou t'es mort ! On a un petit problème.
ROUSSILLON: -Lequel ?
HOMME: -Une gendarmette ! Plutôt mignonne, elle a des beaux yeux verts.
ROUSSILLON: -Tu touches à un seul de ses cheveux, je te promets que tu vas le regretter ! s'emporta-t-il en essayant de dénouer la corde qui lui attachait les poignets à la chaise.
HOMME: -Arrête de bouger comme ça mon coco, ça ne sert à rien, tu ne vas pas te détacher tout seul et t'enfuir d'ici, et quand à ta gendarmette, vu que t'as l'air de beaucoup l'apprécier, je me demande quel sort je vais lui réserver. En tout cas, elle se souviendra de moi.
ROUSSILLON: -Si tu l'approches, tu vas le payer très cher.
HOMME (dédaigneux): -Laisse moi deviner, c'est ta copine ? Non, c'est ta maîtresse ? C'est ça, c'est ta maîtresse. Tu as bon goût, elle est très belle. Un peu trop pour toi peut-être.
ROUSSILLON (tentant de redevenir calme): -Si tu lui fais quoique ce soit, elle portera plainte et tu iras en prison. Ne t'avises même pas de lui parler !!!
HOMME: -Ca te ferai quoi de la voir mourir sous tes yeux ?
ROUSSILLON: -Jamais ! Jamais tu la tuera !
Pierre était hors de lui rien qu'à cette idée mais il savait désormais qu'Isabelle le cherchait
HOMME (avec un regard noir, sans pitié): -Si tu l'aimes, tu peux bien laisser ta vie pour sauver la sienne non ?
ROUSSILLON: -Tu es une ordure Mathieu !
HOMME: -Ca, je le sais bien.
ROUSSILLON: -Pourquoi tu fais tout ça ?
MATHIEU: -J'ai pas tellement apprécié le fait que tu m'ai laissé galéré quand je suis passé pardessus bord pendant l'émeute sur le bateau dans le Pacifique quand on était en Commando Marine... Tu te souviens ? Alors disons que je me venge...
Mathieu laissa mariner Pierre dans la peur enfermé dans cette cave. De son côté Isabelle, déçue par la perquisition demanda à Hélène:
-Est ce que Pierre a un coffre à la banque ?
-Non, je ne pense pas. répondit la jeune femme.
Isabelle resta sceptique par rapport à la réponse d'Hélène, elle était tout de même une ancienne braqueuse et ce n'est pas le genre d'info qu'on ébruite auprès d'une personne avec un passé judiciaire même si elle est copine de gendarme. Elle irait vérifier cette histoire de coffre fort. Le reste de la journée se passa sans autre découvertes particulières, Isabelle appelait Philippe toutes les heures pour lui préciser l'avancée de l'enquête mais elle "oublia" de lui raconter la découverte des lettres de Pierre, elle jugea qu'elle avait bien fait mais elle n'oubliait jamais de finir ses conversations téléphoniques par des "je t'aime" adressés à Philippe, peut-être une façon de se rassurer.
LA REUNION/ SAINT-DENIS/ GENDARMERIE/ RUE/ 22H00.
Isabelle qui était pourtant fatiguée avait décider de passer voir Hélène à la soirée du village. C'est donc avec une voiture de prêt que la gendarme se rendit à la soirée.
VILLAGE/ SOIREE/ BAR-RESTAURANT D'HELENE.
ISABELLE: -Hélène !
HELENE LEPAGE: -Ah bonsoir Isabelle ! Je vous sert quoi ?
ISABELLE: -Peu importe, je voudrai vous parler Hélène.
HELENE LEPAGE (acquiescent d'un signe de tête, lui donnant un verre de js de fruits local): -Tenez c'est cadeau de la maison ! lui sourit-elle.
Elle confia le bar à une amie et partit faire un tour sur le port avec Isabelle.
Elles marchaient assez loin de la musique pour pouvoir parler sans devoir crier, des flambeaux éclairaient le port.
HELENE LEPAGE: -Je suis vraiment inquiète Isabelle, vous allez le retrouver ?
ISABELLE: -Un gendarme n'a pas que des amis Hélène.
HELENE LEPAGE: -Je sais. Vous savez Isabelle, Pierre il est différent des autres, c'est le seul qui ait cru en moi.
ISABELLE (avec un faible sourire): -Je sais, il est pas comme les autres, au point où l'on en est, je peux bien vous le dire. Il est parti de Grasse à cause de moi.
HELENE LEPAGE: -Amour passionnel ?
ISABELLE (se retenant de pleurer): -Oui...
HELENE LEPAGE: -Il ne m'en a pas parlé mais parfois il regardait au loin comme s'il pensait à quelqu'un, à vous je présume.
ISABELLE: -Il m'a aimé c'est vrai.
HELENE LEPAGE: -Oh, rassurez-vous, je ne suis pas jalouse, depuis la première fois où j'ai vu Pierre, je savais que c'était vous qu'il aimait. La façon dont il vous regardait quand vous étiez venus me voir à l'hôpital en 1998.
ISABELLE: -Je sais Hélène.
HELENE LEPAGE: -Il vous admire beaucoup.
ISABELLE: -Beaucoup trop...
HELENE LEPAGE (regardant les bateaux): -Vous avez été sa maîtresse n'est ce pas ?
ISABELLE: -Oui... avoua-t-elle en ayant peur de blesser Hélène.
HELENE LEPAGE: -C'était dans l'ordre des choses.
La gendarme n'était pas surprise qu'Hélène puisse lire aussi facilement dans les yeux des gens, avec l'expérience qu'elle avait c'était normal.
ISABELLE: -Pierre est plus fragile qu'il n'en a l'air.
HELENE LEPAGE: -L'amour peut être destructeur quand il est véritable. Vous pensez vraiment que vous allez le retrouver ?
ISABELLE: -On espère vraiment.
HELENE LEPAGE: -Vous le connaissez depuis quand ?
ISABELLE: -Mai mille neuf cent quatre vingt seize.
HELENE LEPAGE: -Et avant ? s'intrigua-t-elle.
ISABELLE: -Avant, avant il était commando marine... réalisa-t-elle.
HELENE LEPAGE: -Vous pensez qu'il pourrait se mettre en danger pour vous ?
ISABELLE: -Certainement mais pour vous aussi Hélène.
HELENE LEPAGE: -Oui... Espérons qu'il n'en fasse pas trop non plus. Vous savez où il pourrait être ?
ISABELLE (déterminée): -Non mais je vous promet de tout faire pour le retrouver, on a lancé un appel à témoins.
HELENE LEPAGE: -Vous l'aimez encore ?
ISABELLE (ne sachant que répondre, les larmes au bord des yeux.): -Oui... murmura-t-elle.
La nuit était tombée sur l'île et le vent commençait à souffler, Isabelle rentra à l'hôtel. Elle passa le reste de sa soirée à lire les lettres suivantes de Pierre.
La deuxième datait du 1er juin 1996.
"Adjudant-Chef,
C'est bête à dire mais ce matin vous m'avez souri. J'ai été heureux. Pierre"
La lettre était simple mais directe. Le sourire d'Isabelle rendait Pierre heureux. Elle pensa que s'il avait envoyé la lettre, il se serait rendu ridicule aux yeux d'Isabelle, à l'époque, il n'était qu'un simple collègue. Isabelle se désola des états d'âme de son collègue. Elle ouvrit la troisième lettre.
" Auxerre, le 14 Septembre 1996
Adjudant-Chef,
Je suis désolé, on a tenté de forer la paroi entre les secours et Nico mais on a échoué, Platon avait raison, la roche était trop friable. Heureusement Léo Claus a accepté d'arrêter le décompte, vous avez bien fait de descendre dans la grotte. Mon équipe n'avait pas droit d'échouer Isabelle. J'ai croisé votre regard attristé, je suis sincèrement désolé. Amitiés Pierre."
Isabelle se souvenait très bien de ces deux journées, certainement les plus longues de sa vie qu'elle avait passé à attendre que Nicolas soit sauvé. Isabelle concentra ses pensées sur Philippe. C'était lui qu'elle aimait. Elle envoya un message à Philippe en lui disant encore et toujours qu'elle l'aime. Sans doute encore cette façon de se rassurer. Elle alla se coucher sans parvenir à trouver le sommeil.
LE LENDEMAIN MATIN/ GENDARMERIE/ CASERNE/ 8H00.
GENDARME DE L'ACCUEIL: -Lieutenant !!!! On a un appel !
ISABELLE: -Pour Roussillon ?
GENDARME DE L'ACCUEIL: -Oui ! Une femme, Mme Maintro qui dit avoir aperçu un homme de l'île, grand, les yeux marrons, les cheveux bruns environ trente-quarante ans qui traînait vers le bateau de Roussillon.
ISABELLE: -Elle pourrait venir faire un portrait-robot ?
GENDARME DE L'ACCUEIL: -Non, malheureusement.
ISABELLE: -Elle connait Roussillon ?
GENDARME DE L'ACCUEIL: -Vous savez, ici, tout le monde se connait.
ISABELLE: -Si tout le monde se connait comment se fait-il qu'elle n'ait pas pu dire le nom de l'homme qu'elle a vu.
GENDARME DE L'ACCUEIL: -Elle l'a vu très rapidement l'homme.
ISABELLE: -Mais elle a pu voir la couleur de ses yeux ?
GENDARME DE L'ACCUEIL: -Oui, il y a un truc qui cloche dans son histoire.
ISABELLE: -A éclaircir, vous pouvez la convoquer dans mon bureau cette madame Maintro ? A dix heures ?
La gendarme de l'accueil rappela la fameuse témoin et la convoqua.
GENDARME DE L'ACCUEIL: -Lieutenant, je peux vous dire quelque chose, c'est à propos de Roussillon.
ISABELLE: -Allez-y, je vous écoute.
GENDARME DE L'ACCUEIL: -Quand Pierre est arrivé avec Hélène, y' en a eu des jalouses d'Hélène, elles envient Hélène, et inversement, y'en a eu des jaloux de Pierre, qu'ils l'envient d'être avec Hélène.
ISABELLE: -Qui ?
GENDARME DE L'ACCUEIL: -Vous voulez que je vous dise, 'y a pas qu'au village qu'il y a avait des jaloux... insinua-t-elle en désignant les bureaux.
A ce moment là, Isabelle se dit que si le moindre gendarme avait fait du mal à Pierre, il faudrait qu'elle s'en remette à force de traitement médicamenteux.

Photo 1: http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.programme.tv%2Fmedia%2Fcache%2Frelative_max_355x272%2Fupload%2Fepgs%2F2013%2F01%2Fune-femme-d-honneur_2708269_1.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.programme.tv%2Fc327724-une-femme-d-honneur%2Ffemmes-d-occasion-2708269%2F&h=272&w=352&tbnid=Q3HTTdOg-AK6nM%3A&zoom=1&docid=ONQXgEDR-w6ViM&ei=zIw7VcSlJMvzUsqmgegI&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=777&page=1&start=0&ndsp=22&ved=0CEIQrQMwCw
Musique: "L'amour Destructeur" Elsa Esnoult : https://www.youtube.com/watch?v=3Cc-OIRuEgY
Cadeau :interview de Blanche Raynalhttp://michelbergeranimateurradio.fr/regard-sur-blanche-raynal/
une-femme-d-honneur-isa, Posté le mercredi 20 mai 2015 06:57
mangacity56 a écrit : " "
j'irai voir promis :)